Sacrée Anne-Marie !

Anne-Marie MONTANTIN (1955 – 2019)

Tu es partie très vite, tu es partie trop vite !!!

Il me revient le privilège de représenter tous tes cercles d’amis, en particulier tes amies documentalistes pour témoigner de celle que tu étais.

Mais qui étais-tu vraiment ?

Beaucoup détiennent une partie des pièces du puzzle, quelques- unes seulement, connaissaient les multiples facettes qui faisaient de toi « notre Anne-Marie ».

Arrivée en Guadeloupe pour tes études d’anglais au CESL et déjà, à ce moment je t’avais aperçue avec ta beauté naturelle, devant l’institut Visioz, sans doute étais-tu venue y rencontrer Jean-Claude qui étudiait le droit alors que je commençais ma 1ère année. Tu as poursuivi ta route à Bordeaux tu es revenue travailler en Guadeloupe avant de partir en Guyane pour quelques années. Tu t’y es fait des amis et m’a dit avoir beaucoup aimé ce pays qui a aussi vu naître ton fils.

Tu as également profondément aimé notre île tout en étant une vraie martiniquaise attachée à sa famille, à tes cousines sœurs ; et c’est régulièrement que tu t’y rendais pour revoir les tiens et retrouver tes souvenirs d’enfance à Coulée d’or sur la propriété familiale du Vauclin.

De retour définitivement en Guadeloupe en 1982 nos routes se sont de nouveau croisées pour ne jamais se séparer. Notre binôme s’est formé lors de notre stage effectué avec Mireille et nous avons continué à cheminer menant nos carrières professionnelles en parallèle, en complicité, partageant des projets avec nos élèves de Petit- Bourg de Goyave puis de Gourde-Liane.

Membre fondatrice de l’ASSODOC dont tu as été aussi la Présidente, tu as été active. Sous ton impulsion nous avons mis en place Foliture pour faire lire les élèves, je t’ai rejointe à la DAAC et nous avons continué à défendre la culture, organiser le Salon du Livre pour les scolaires, tu as donné au Printemps des Poètes une déclinaison locale : Temps des Poètes (car tu étais une femme pragmatique). Chacun pouvait nous croiser à toutes les manifestations culturelles possibles.

Anne-Marie à l’un de nos déjeuners dansants de la Mi-Carême

Mais au-delà nous échangions aussi avec d’autres amies venues renforcer le cercle et partagions bien des choses. Il me revient nos bains de mer interminables sur des plages de l’île et particulièrement à Sainte-Anne où nous partions sur un coup de tête, nos marches dans la nature, nos séjours à Marie-Galante où là aussi tu te délectais des bains à l’Anse Canot. Affamée, Je devais te menacer de t’abandonner là pour que tu sortes de l’eau.

Il nous arrivait de partir en France pour un congrès, un salon ou encore les vacances, que de ballades avons-nous faites à Paris : Après notre shopping, elles se terminaient toujours à la chapelle de la rue du Bac, car oui tu avais la foi, une vie spirituelle et il nous arrivait souvent d’aller à la messe bien loin de notre paroisse pour satisfaire ton besoin de sortir de la routine.

Nous avons vécu tant de moments agréables, inoubliables. Parfois par manque de disponibilité, je n’avais pas envie de te suivre dans toutes ces aventures, mais il était tellement difficile de te dire non, tu insistais car tu étais une femme déterminée et tu savais bousculer aussi la paresse de tes amies, tu étais une vraie locomotive.

Anne-Marie sur le terrain avec Kaladja, durant l’opération pour la Dominique

Anne-Marie, tu étais aussi une sportive énergique que je n’arrivais pas toujours à suivre : gymnastique, zoumba aquagym, marche… n’est-ce pas Viviane ?

Tu avais aussi d’autres passions qui t’ont permis de t’épanouir, de développer tes nombreux talents, et si dans un premier temps tu redoutais la retraite par peur de t’ennuyer, tu as su optimiser ce temps pour faire de la peinture, du gospel, de l’histoire de l’art, de l’art floral et chaque jeudi j’avais droit à un bouquet que tu composais avec soin.

Tu aimais par-dessus tout ces choses simples, le fruit à pain par exemple. Dans ton enfance, scolarisée dans une école de campagne où ta mère était institutrice, tu délaissais ses repas et préférais manger avec tes camarades un morceau de fruit à pain agrémenté d’huile que seule la misère leur imposait quotidiennement. J’ai pris le relais en te fournissant des fruits à pain de mon jardin.

Tu aimais la nature, tes chaînes préférées Voyage et Ushaïa comblaient cet intérêt. Tu adorais les animaux. Je me souviens de ton lapin blanc, de Mimi de Pampan, dont la mort t’a beaucoup peinée, il y avait aussi Cachou et le tout dernier, Sushi. Tu leur disais toujours lors de mes visites :« dis bonjours à tatie » et moi je devais leur répondre, « bonjour mon neveu », en leur faisant une caresse du bout des doigts. C’était nos délires. Lors de tes absences tu laissais des consignes à tes amies pour les nourrir, les chouchouter. Ils étaient pourris gâtés. Rien d’étonnant que Sushi soit mort de chagrin au lendemain de ton décès à la même heure !

Mais par-dessus tout, tu avais de l’empathie, de l’altérité, un grand cœur, tu étais attentive aux autres, tes amis du CDI (Sophie, Pascal, Marie Clarisse, Marthe) que tu encourageais à aller de l’avant. Tu étais aussi très attachée aux collègues et amis du collège particulièrement les anciens (j’ai une pensée pour Ghyslaine qui est loin).

Moment de simple convivialité autour d’un bon goûter

Tu étais très proche de Dada qui a élevé tes enfants Titou et Dydyne comme tu persistais à les appeler, de France-Lise, Claudine, Aline tes femmes de ménage que tu considérais comme des amies, que tu accompagnais dans les difficultés de la vie. Tu savais aussi établir des relations cordiales avec tes voisins les plus immédiats.

Enfin tu portais dans ton cœur ta Tante Simone, Gisèle, Léna ton amie de longue date à qui tu rendais visite chaque année et puis ta grande famille du Kiwanis. Tu étais cette femme d’engagement, au service de grandes causes. Tu ne manquais jamais de m’inviter car tu aimais être entourée de tes amies.

Pourtant sous tes airs de femme debout qui s’imposait aux autres, tu avais aussi ta pudeur, ta grande fragilité que tu savais bien cacher.

Je me souviens de nos disputes, car oui, cela nous arrivait, je garde aussi en mémoire notre complicité, nos séances de télé, nos soirées bokits ou crêpes et cidre chez Yvy après la marche, nos séances de scrabble sur la plage, les repas d’anniversaire, avec Patricia, Yvy, Marie-Ange, et Viviane, parfois les conjoints, la complicité de nos filles…

… Anne-Marie tu laisses un grand vide dans nos cœurs, dans mon cœur…

Nous devons accepter ton départ, ton dernier voyage pour rejoindre ceux qui t’attendent. Notre peine est atténuée par la certitude que tu es juste passée de l’autre bord et qu’une autre vie va commencer pour toi.

Vas vers la lumière du Seigneur.

Francine POLLION

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